(Québec) Les besoins criants de main-d’œuvre dans toutes les régions incitent le Québec à se tourner davantage vers les étudiants étrangers, afin de combler les milliers de postes vacants.
Pour séduire un plus grand nombre d’étudiants étrangers, le gouvernement Legault visera le porte-monnaie. Il leur offrira dès l’an prochain de venir s’installer au Québec à bien moindre coût, en sabrant dans les frais de scolarité élevés qu’ils doivent acquitter actuellement.
Mais pour se prévaloir du programme, ils devront remplir deux conditions essentielles : oublier les cégeps et universités de Montréal, francophones et anglophones, en s’inscrivant dans un établissement d’enseignement supérieur francophone situé en régions, tout en choisissant un programme faisant partie des secteurs d’activité où la pénurie de main-d’œuvre est la plus importante.
Québec veut faire d’une pierre, deux coups : combler les besoins de main-d’œuvre en régions et attirer les immigrants hors de Montréal.
Le gouvernement espère ainsi attirer 1200 étudiants étrangers vers les cégeps et universités situés en régions d’ici quatre ans. Actuellement, les trois quarts des étrangers qui viennent étudier au Québec s’installent à Montréal.
Le raisonnement est le suivant : l’étranger qui étudie pendant quelques années à Rimouski, Saguenay ou Sherbrooke risque de s’y établir par la suite de façon permanente.
« Tu découvres une communauté. Tu te fais un chum, tu te fais une blonde », a illustré le ministre du Travail et de l’Immigration, Jean Boulet, jeudi, en procédant à l’annonce du programme, en conférence de presse à Rimouski.
Le Québec, où on trouve quelque 90 000 étudiants d’origine étrangère, a émis 62 000 permis d’études l’an dernier.
Le programme sera disponible à compter de septembre 2023 et ne sera pas rétroactif. Pour Québec, la facture est évaluée à 80 millions répartis sur quatre ans.
De 24 000 $ à 3000 $
À titre d’exemple, actuellement, le coût moyen annuel pour un étranger intéressé à étudier au Québec s’élève à près de 17 000 $ au collégial et à quelque 24 000 $ au premier cycle universitaire.
Dès l’entrée en vigueur du programme, prévue à l’automne 2023, et jusqu’à leur diplomation, les étudiants étrangers admissibles payeront annuellement les mêmes droits de scolarité de base que les Québécois, soit aucuns frais au collégial, et environ 3000 $ à l’université.
Les Français, les Belges et les Canadiens des autres provinces bénéficient déjà d’un statut particulier, devant acquitter des frais de scolarité annuels de 8186 $ au premier cycle, et de 2623 $ au deuxième cycle. S’ils acceptent d’aller en régions et de se diriger vers les secteurs ciblés, le programme s’appliquera à eux également.
Les secteurs d’étude priorisés seront les technologies de l’information, le génie, la santé et les services sociaux, de même que le domaine de l’éducation, incluant la formation d’éducatrices à la petite enfance.
Le programme annoncé jeudi sera « gagnant pour favoriser l’apprentissage du français et, par conséquent, assurer une intégration durable aux valeurs de notre société », a commenté le ministre Boulet, qui promet aux futurs étudiants étrangers un « accompagnement personnalisé » pour faciliter leur intégration en régions, en termes de recherche de logement, par exemple.